mercredi 10 janvier 2018

Paris: la librairie de BD Album ferme ses portes

Sur le site du Parisien.


La maison mère de la librairie de BD Album, créée en 1948 par les éditions Dupuis sous le nom de « Librairie des Jeunes » sise au 84, boulevard Saint-Germain (5e) ferme ses portes ce samedi 13 janvier, après 70 ans d’existence.

Ce haut-lieu du 9e art va mettre la clé sous la porte et laisser place à un assureur.



Avec près de 17 000 références, la maison mère d’Album est l’une des librairies les plus fournies de Paris, bien connue des bédéphiles franciliens.

Malgré le succès (« à Noël, ça ne désemplissait pas », confirme un employé), la structure est étranglée par les dettes.

Son propriétaire, Christophe Le Bel, évoque pêle-mêle la crise de 2008, la concurrence d’Amazon, la fermeture des voies sur berge (« le week-end les Franciliens viennent en voiture et ce sont les plus gros acheteurs »), les attentats de 2015, les jeunes accros au numérique.

Et, surtout, le loyer de 180 000 € par an de plus en plus lourd à supporter. « Les difficultés ont commencé en 2008, au bout de dix ans d’augmentation de loyer, alors que les magasins étaient bénéficiaires », ajoute-t-il. Pour les salariés, le problème vient justement de « ces magasins ».



Après avoir racheté Album en 1995, Christophe Le Bel voit grand. Il bâtit peu à peu un réseau national de librairies. « Il voulait être partout pour écraser la Fnac, mais cela n’a pas tenu. La boîte court après ses dettes », résume Benoît, un libraire en CDD.

Les boutiques ferment une à une. L’hémorragie s’étend jusqu’à la maison mère du 84, boulevard Saint-Germain, malgré la procédure de sauvegarde depuis 2011. Aujourd’hui, il reste encore cinq franchises (sur vingt-cinq) en France, et deux librairies dans le Quartier Latin labellisées Album.

Ces dernières vont accueillir une partie des fonds de la librairie historique. « La moitié des mangas va être rapatriée juste en face, au 67, boulevard Saint-Germain. La BD franco-belge et les produits dérivés viendront ici, au 8, rue Dante », précise Christophe Le Bel, au milieu du chantier.

Cette petite librairie de 70 m² est en plein travaux. « On l’agrandit de 40 m² pour qu’elle puisse accueillir 4 000 bandes dessinées supplémentaires ». Les habitués n’auront qu’à faire une centaine de mètres pour découvrir de nouvelles pépites.

Mais pour les dix salariés, tous licenciés à la fin du mois, cette fermeture a un goût amer. Surtout depuis qu’ils ont appris que GMF avait racheté le droit au bail.

« C’est dommage de voir un lieu historique disparaître. Si les amateurs de BD désertent le secteur, ça ne fait pas non plus les affaires des libraires du coin » souligne Benoît, qui imagine déjà le quartier Latin devenir un « quartier d’assureurs ».

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