vendredi 27 mai 2016

Lauréats de la 17e édition des prix Bédélys


Promo 9e art, organisme voué à la promotion de la bande dessinée au Québec, a dévoilé les lauréats de la 17e édition des prix Bédélys lors d’une soirée de gala, le jeudi 26 mai 2016, à 20 h. L’événement s'est déroulé au Théâtre Sainte-Catherine, situé au 264 Sainte-Catherine Est à Montréal, alors que s’achève le Mois de la BD et à la veille de la 5e édition du Festival BD Montréal.
Les prix Bédélys récompensent les meilleures bandes dessinées publiées ou diffusées au Québec au cours de l’année 2015. 
Voici la liste des lauréats :


Bédélys Québec

Whitehorse, Première partie, Samuel Cantin, Pow Pow
Whitehorse marque d’abord par son intrigue, pleine de rebondissements aussi inattendus que jubilatoires, du syndrome de la tortue à la sexualité mutilatrice en passant par la défenestration et l’amaroli... Le trait nerveux de Cantin rend efficacement la fougue et la gestuelle caractéristique de la galerie de personnages expressifs, voire obsessifs, qui y évoluent.
On sent la formation de cinéaste de l’auteur de même qu’un clin d’œil au théâtre dans le découpage du récit en longues scènes où domine la conversation, avec des dialogues où s’affirme une grande vivacité ainsi qu’une langue très typée, voire risquée, qui n’appartient qu’à l’auteur. 
Par ailleurs, cette perspective singulière, multidisciplinaire, amène l’auteur à livrer au fil du récit, derrière le vernis de la caricature, une réflexion sur l’art et la culture des plus pertinentes. 
Avec ce troisième livre extrêmement réjouissant, Samuel Cantin marque résolument son entrée parmi les auteurs à suivre au Québec.


Bédélys Monde

Panthère, Brecht Evens, Actes Sud BD
Panthère de Brecht Evens semble être un livre pour enfants, notamment parce qu'il extrapole l'imaginaire de l'enfance d'une manière inédite. Il n'en est rien. Regard inquiétant sur la perte de l'innocence, cette œuvre peut se lire paradoxalement à la fois comme un conte fantastique à prendre au premier degré et une allégorie sur l'imaginaire d'un enfant qui découvre peu à peu la terreur de la vie adulte. 

Pour son troisième livre, Evens utilise des formes et des couleurs à la fois vives, criardes et étouffantes pour créer l'impression d'une atmosphère oppressante et fascinante où l’on peut voir évoluer la psyché de la protagoniste. 
Ce visuel encadre une histoire en apparence simple, mais qui amènera le lecteur dans des zones d'ombres inédites et dont la signification énigmatique exigera plus d'une lecture. 

Bédélys Jeunesse

Le jardin de Minuit (d’après le roman de Philippa Pearce), Edith, Soleil
Adapter une œuvre littéraire est toujours difficile. Ce l'est encore plus quand il s'agit d'un classique de la littérature jeunesse, écrit il y a plus de 70 ans. Mais Edith a réussi, avec Le jardin de Minuit, à produire une bande dessinée fidèle au génie de l'original tout en y apportant sa touche personnelle et sa signature graphique inimitable.

Son dessin charmant et doux crée une atmosphère intime alors que l'on découvre avec le jeune Tom un jardin mystérieux et une amie à l'identité troublante. 
L'auteure se sert habilement des couleurs pour différencier le présent du passé et crée un monde intrigant et vivant. Mais le vrai tour de force de cette bande dessinée est de rendre crédible, touchante et mystérieuse jusqu'à la fin la relation entre Tom et Hatty. 
La chute de l'album satisfait le lecteur en évitant de tout lui expliquer de façon trop cartésienne. Edith a su y tirer l'essentiel du récit de ce grand texte pour le mettre habilement en images, sans longueurs ni raccourcis, pour le plus grand bonheur des jeunes jurys des bibliothèques de Langelier, Le Prévost et Père-Ambroise.


Bédélys Indépendant

Hillerød, Frederic Auln
À travers une sélection de titres présentant des qualités fort disparates, Hillerød a fini par se démarquer des autres finalistes par son grand naturel et le ton drolatique, plein d’autodérision, du récit. 
D’une part, on y ressent bien l’aspect erratique et imprévisible du voyage : la narration d’une grande fluidité se construit autour d’un personnage principal assez transparent et de personnages secondaires aux personnalités décalées et intrigantes menant vers une chute totalement inattendue.  
D’autre part, le dessin spontané, qui découle d'une certaine urgence de raconter, sert parfaitement le genre du carnet de voyage. Par ailleurs, le traitement de la langue, soit le fait que le récit soit en trois langues, et qu’on y perçoive aussi les différents accents des personnages, contribue au caractère authentique de l'œuvre. 

En somme, Frederic Auln nous a conquis par sa sincérité et sa spontanéité, et ce, même malgré le boudinage de la reliure!


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