mercredi 6 avril 2016

« Panama papers »: ces riches Français qui dissimulent leurs avoirs

Jérémie Baruch sur le site du Monde.

L'éditeur Jacques Glénat pose dans la bibliothèque du couvent du 17ème siècle où il a installé le siège de sa maison d'édition.

Le propriétaire des éditions Glénat est depuis l’enfance un grand amateur de bande dessinée. Il en a fait son métier et sa fortune.
Il traîne aussi une réputation d’oncle Picsou dans ses contrats avec les auteurs qu’il publie.

En 2009, Jacques Glénat se porte acquéreur de Getway S.A., une société domiciliée aux Seychelles. Celle-ci est propriétaire d’un compte bancaire et est utilisée notamment pour acheter des œuvres d’art.

Selon les documents consultés par Le Monde, pendant les quelques années où il a possédé la société, 4 millions d’euros ont été placés sur ses comptes.

Cette société a par ailleurs amassé de nombreux tableaux – des Brueghel le jeune, un Corot, des Cranach, des Fantin-Latour, des Felix Ziem, etc. – mais aussi des bronzes ou de l’ébénisterie ancienne. Certaines de ces œuvres ont été achetées aux enchères.


Tout semblait destiner Getway S.A. à rester une structure opaque sans que le nom de M. Glénat n’apparaisse. Mais c’était sans compter sur la réforme de la législation des îles Vierges britanniques, entrée en vigueur le 1er janvier 2014. 

Il faudra désormais fournir un rapport financier annuel de la société mais, surtout, troquer les discrètes actions au porteur (anonymes) des sociétés pour des actions nominatives : c’est une couche d’opacité qui s’efface, puisque le nom des actionnaires doit désormais être renseigné.

Mossack Fonseca, sommé par les autorités de respecter ces nouvelles règles, demande avec insistance le nom de l’actionnaire, mais le cabinet fiscaliste de Jacques Glénat, RSM Luxembourg, fait la sourde oreille pendant de longs mois.

Ce n’est qu’en mai 2014 qu’une réponse est finalement donnée : le bénéficiaire, plutôt que d’apparaître sur les registres, préfère fermer la société seychelloise. En attendant la fermeture, qui peut prendre plusieurs mois, RSM demande « s’il est possible de garder les actions au porteur, sachant que le client est prêt à payer toute amende pour les conserver »

La requête est acceptée, mais Mossack Fonseca demande néanmoins à connaître le nom et l’adresse du porteur des actions, en précisant que l’information restera dans ses fichiers internes. 

Un courriel auquel Le Monde a eu accès confirme le nom de l’actionnaire ainsi que son adresse grenobloise. Les documents préparant la liquidation de la société sont envoyés dans la foulée.

Au cours de l’été 2014, la société de Jacques Glénat distribue en dons manuels à ses enfants les œuvres d’art, avant d’être dissoute en novembre. Contacté par Le Monde, Jacques Glénat confirme bien que Getway S.A. a donné des œuvres d’art à ses enfants, mais qu’en revanche, « il n’y a aucun lien direct entre cette société et [lui]-même. »

Quelques jours plus tard, il précise que « s’agissant d’un compte de société, il n’a pas a être déclaré à l’administration fiscale si bien entendu, vous parlez du compte de la société Getway. »


AJOUT

« "Panama papers" : "un amalgame scandaleux!" selon Jacques Glénat » sur France3.
« Jacques Glénat affecté par l’affaire des "Panama Papers" » dans Actua BD.
« Le Picsou de la bédé rattrapé par les Panama Papers », Fabien Deglise dans Le Devoir.

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