lundi 21 décembre 2015

« Le Crayon » rencontre Pierre Ballouhey

Sur le site Le crayon.


Dessinateur, Vice-président de Feco-France, (section française de la Federation of Cartoonists Organizations), Pierre Ballouhey défend avec ses crayons la liberté d’expression et les valeurs de la laïcité. Il se bat pour la défense des dessinateurs victimes des dictatures. Il était cette année l’invité d’honneur du Festival du Dessin de Presse et d’Humour en Sarthe. Le crayon est allé à sa rencontre. 

Extraits:

Sur le plan graphique, j’étais bluffé par les dessins de Moebius et surtout ceux d'Avoine, au point que je m’interdisais l'ouverture de ses albums ou d’(A Suivre) pour désamorcer mon influençabilité. 
Un jour, je suis allé chez Casterman avec un projet d’album sous le bras, la dame chef de collection, polie mais sans l’autorisation de publier ce type d’ouvrage, m’a offert pour me réconforter les albums d’Avoine. 
Je les ai planqués en haut de la bibliothèque, ne pas ouvrir pendant les heures de travail. J’ai raconté cette histoire à Blachon, il m’a dit : « T’inquiète pas, moi, c’était Ronald Searle ». 
J’ai perdu pied avec la BD, trop de productions, ces sagas historiques mal foutues, ces dessins approximatifs me fatiguent, me découragent de poursuivre la lecture. Je refuse les invitations dans les salons de BD qui sont devenus des hypermarchés de la librairie et leur préfère de loin les festivals de caricature. 
...
Vous avez publié un dessin intitulé « Un Le Pen peut en cacher un autre… », montrant Marine le Pen s’exprimant au micro d’une tribune.

Peut-on voir dans votre dessin un hommage à celui que Jean Veber avait fait paraître en 1901 dans l’Assiette au beurre ?

Cette caricature avait en effet été censurée à la demande de l’ambassade de Grande Bretagne en France, puisque sur le royal postérieur de la reine Victoria se dessinait le visage du prince de Galle, futur Edouard VII. 

Vous est-il arrivé de vous autocensurer en modifiant un dessin que vous jugiez susceptible de choquer le journal ou ses lecteurs ? À ce sujet pour vous, y-a-t-il un avant et un après 7 janvier ? 
Non. Mais je ne dessine pas Mahomet, je m’en fous de Mahomet, il n’est pas dans l’actualité. Je l’ai dessiné une fois le 8 janvier en hommage au dessin de Cabu : “C’est dur d’être aimé par des cons”, il n’a pas été publié. On parle beaucoup d’autocensure, ça existe bien sûr, mais on peut appeler ça la politesse, le tact ou la connaissance du lectorat. Le dessin de presse doit avant tout être drôle, ce n’est pas un robinet pour déverser de la bile. Si c’est drôle, beau et intelligent on peut tout dire. Mais vous savez la liberté de la presse papier est dans les mains des propriétaires de journaux. Ils sont cinq en France.

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