vendredi 14 février 2014

Lourde peine réclamée contre le dessinateur algérien Djamel Ghanem

Djamel Alilat dans El Watan.

Djamel Alilat

Alors que la partie civile avait demandé le dinar symbolique comme dommages et intérêts, le parquet a requis une peine de 18 mois de prison ferme ainsi que 30 000 DA d’amende à l’encontre de Djamel Ghanem, dessinateur du quotidien La Voix de l’Oranie, qui comparaissait hier (mardi) devant le tribunal correctionnel de première instance d’Oran pour les chefs d’inculpation d’«outrage au président de la République», «abus de confiance» et «accès frauduleux dans un système de traitement automatisé de données».

Le verdict est attendu pour le 4 mars prochain. «Je déplore l’orientation des débats au cours de ce procès, qui se sont étalés sur des faits secondaires relatifs au traitement de données informatiques alors que l’inculpation principale est due au fait d’avoir évoqué l’état de santé du président de la République et ses conséquences pour un quatrième mandat sur le citoyen algérien», a déclaré, à la fin du procès, Me Youcef Dilem, avocat de la défense constitué par le Syndicat national des journalistes (le SNJ).

Pour rappel, Djamel Ghanem, caricaturiste des deux quotidiens La voix de l’Oranie et Saout El Gharb, s’est vu assigné en justice par son employeur pour une caricature qui n’a été ni finie, ni signée, ni publiée. Une première mondiale, pourrait-on dire. Ce dessin, représentant deux citoyens en train de discuter de couches bébé et de quatrième mandat dans une pharmacie, se trouvait sur le disque dur de l’ordinateur du caricaturiste. Selon Djamel Ghanem que nous avons interrogé, c’est le rédacteur en chef du journal qui, l’ayant trouvé, aurait alerté le directeur de publication du journal, qui décida de déposer plainte contre son dessinateur au motif que celui-ci avait produit un dessin outrageant pour le Président de la République et tenté de l’introduire frauduleusement dans la maquette du journal du lendemain en remplacement du dessin initialement prévu. «Cette caricature, ni finie ni signée, était en fait destinée à des journaux électroniques», nous a confié Djamel Ghanem.

«Par ailleurs, devant le juge d’instruction, j’ai subi de terribles pressions pour me pousser à faire des déclarations impliquant des figures connues de l’opposition», nous a-t-il encore confié. Par ailleurs, Djamel Ghanem avait déclaré à l’audience, au président du tribunal, que ses propos, contenus dans les procès-verbaux d’audition devant la juge d’instruction de la 7e chambre, ont été obtenus par des intimidations et sous des pressions exercées par cette dernière. Lors de ce procès, qui a duré un peu plus de deux heures, le président du tribunal a surtout tenté de comprendre le processus de fabrication d’un journal à travers un réseau informatisé en auditionnant différents agents techniques du personnel de la PAO.

C’est donc un débat sur des questions techniques qui s’est déroulé. De plus, toutes les questions posées par les avocats de la défense à la partie plaignante, pour dire en quoi ce dessin outrageait le président de la République, ont été systématiquement rejetées par le juge. A la fin des débats et des plaidoiries des avocats de la défense, Mes Abderrazak Fodil et Youcef Dilem ont demandé la relaxe pure et simple de leur client ; le juge, lui, a décidé de renvoyer le dossier en délibéré pour le 4 mars prochain.

NDLR: Nous avions déjà évoqué la cause ici.

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